Le nourrissage des oiseaux est de plus en plus populaire dans les jardins représentant une industrie de plusieurs milliards de dollar [1,2]. Cela permet d’attirer et d’observer facilement de nombreuses espèces. Cependant, malgré l’aide à la survie de l’hiver, le nourrissage des oiseaux de jardins n’est absolument pas nécessaire et peut avoir un impact négatif. En Bretagne, le climat hivernal est doux, cela permet aux oiseaux d'avoir accès à des ressources.
Divers effets négatifs du nourrissage des oiseaux dans les jardins ont été constatés notamment la propagation de maladies et la prédation des animaux domestiques qui sont les plus visibles. Mais, il y aussi des effets sur la reproduction, les communautés d’espèces, la migration et autres.
Propagation de maladies
Les mangeoires sont associées avec une augmentation de la transmission de maladies [3]. Les mangeoires sont des lieux de rencontres et sont donc propices à la propagation de maladie. De plus, au printemps, le risque de propagation de maladies bactériennes et virales augmente conduisant à la mort d’individus. En Bretagne, ce sont plusieurs centaines d’oiseaux morts reportés par an (plus de 700 en 2018 [synthèse GEOCA]). Cela touche notamment les verdiers d’Europe (espèce classée vulnérable sur la Liste Rouge de l’IUCN) qui représente plus de la moitié des victimes [4–6].
Impact sur la reproduction
Le nourrissage envoie des signaux trompeurs sur la qualité du milieu et la disponibilité en ressources alimentaires [2]. Ces signaux induisent un avancement de la période de reproduction et un décalage avec les ressources naturelles (notamment le pic d’abondance des insectes) [7]. De plus, l’apport de nourriture induirait un retard du chant nuptial chez les mâles mais également peut avoir un effet sur le nombre d'œufs ainsi que leur taille. Tout cela a un impact négatif sur le succès reproducteur des oiseaux [5,8,9]. Certaines espèces voient même leur cycle de reproduction modifié.
Impact sur la distribution spatiale et temporelle
Le nourrissage favorise les espèces granivores et/ou sédentaires au détriment des espèces nicheuses au sol, migratrices et forestières [9]. Il peut favoriser également les espèces exotiques (ex. perruche à collier). De plus, le nourrissage augmente la survie des individus de faible qualité, ce qui peut impacter négativement les populations [2]. Les espèces rares et menacées de la Liste rouge visitent rarement les mangeoires, cela ne bénéficie qu'à certaines espèces. Le nourrissage induit un changement des populations d'oiseaux dans nos jardins et aux alentours. Il modifie aussi la distribution hivernale de certaines espèces mais également les voies de migrations [10]. Un décalage avec les ressources naturelles a plus d’effets sur les espèces migratrices [2].
Piège écologique
Les signaux trompeurs sur la ressource alimentaire disponible induit par le nourrissage conduit à l’installation d’oiseaux dans des zones où les ressources alimentaires sont insuffisantes pour la période de reproduction. Ils deviennent par conséquent dépendant du nourrissage artificiel [5,9]. De plus, l'alimentation mise à disposition n'est pas forcément adapté aux oiseaux.
Alimentation
Il est essentiel de ne pas donner à manger n'importe quoi aux oiseaux. Une alimentation non adaptée aux besoins peut avoir des effets allant du changement de régime alimentaire à la mort. Certains aliments peuvent être toxiques ou nocifs (ex: le lait n'est pas digéré, cela entraîne diarrhée voire la mort ; les boules de graisse sont nocives (contenant de la graisse animale) et les filets sont dangereux ; le pain induit un faux signal de satiété en gonflant alors que l'individu n'a pas suffisamment de réserves nutritives pour la nuit et peut être épuisé voire mourir).
De plus, les graines données aux oiseaux contiennent suffisamment de graisse pour subvenir à leurs besoins. Un apport trop important à des effets néfastes sur la santé des oiseaux. Cependant, les graines ne sont pas suffisantes, les oiseaux nécessitent un apport de protéines (insectes) pour leur survie et pour la croissance des oisillons.
Le nourrissage hivernal augmente les chances de survie de certains individus, mais cela n’a pas d’influence sur la population à long terme. Cela cause plus des interférences avec la sélection naturelle (survie des individus faible) et une alimentation non adaptée (graisse nocive, manque de protéines (insectes) [2] et non adapté aux jeunes [9,11]).
- Nourrir que lors des épisodes très froid (sol gelé)
- Stopper le nourrissage tôt (fin février)
- Préférez mettre de petites quantités de nourriture à la fois afin d’éviter le pourrissement
- Mettez la nourriture le soir afin qu’elle soit disponible le tôt le matin lorsque que les besoins nutritifs sont élevés
- Nettoyer régulièrement les mangeoires (fientes et vieux aliments) pour prévenir la transmission de maladies
- Proposer de l’eau en nettoyant et renouvelant une fois par jour (hydratation même en hiver et nettoyage du plumage)
- La mangeoire doit être installé dans un endroit dégagé hors de portée des chats, les protégeant des intempéries et près de refuges (arbres et buissons épineux) (évitez la nourriture au sol près des buissons où les chats peuvent se cacher)
- Pour la nourriture, préférez les graines (tournesol, chanvre), flocon d’avoine, petits morceaux de noix, raisins secs et fruits. Préférez les productions biologiques et locales et évitez les produits d’importations. Évitez les boules de graisse et le pain.
En cas de mortalité : Arrêtez immédiatement le nourrissage, retirez la mangeoire pour la nettoyer (si en hiver attendre 3 semaines avant de remettre la mangeoire), nettoyer également la zone (fientes).
Pour protéger les oiseaux des chats, il existe des solutions.
- Planter des essences locales : cela peut permettre la production de graines tout au long de l’année mais aussi de fournir des refuges.
- Semer des fleurs produisant des graines l’hiver.
- Taille des haies uniquement entre novembre et février : permet d’éviter la période de nidification.
- Laisser un accès aux compost/fumiers : Cela facilite l’accès aux insectes
Pour plus d’informations cliquez ici.
1] Plummer, K.E. et al. (2019) The composition of British bird communities is associated with long-term garden bird feeding. Nature Communications 10, 2088
[2] Smith, K.W. and Smith, L. (2013) The effect of supplementary feeding in early spring on the breeding performance of the Great Spotted Woodpecker Dendrocopos major. Bird Study 60, 169–175
[3] Friend, M. et al. (2001) DISEASE EMERGENCE IN BIRDS: CHALLENGES FOR THE TWENTY-FIRST CENTURY. tauk 118, 290–303
[4] Galbraith, J.A. et al. (2017) Experimental feeding regime influences urban bird disease dynamics. Journal of Avian Biology 48, 700–713
[5] Robb, G.N. et al. (2008) Food for thought: supplementary feeding as a driver of ecological change in avian populations. Frontiers in Ecology and the Environment 6, 476–484
[6] Lawson, B. et al. (2018) Health hazards to wild birds and risk factors associated with anthropogenic food provisioning. Phil. Trans. R. Soc. B 373, 20170091
[7] Seward, A.M. et al. (2014) The Impact of Increased Food Availability on Reproduction in a Long-Distance Migratory Songbird: Implications for Environmental Change? PLOS ONE 9, e111180
[8] Saggese, K. et al. (2011) Wild bird feeding delays start of dawn singing in the great tit - ScienceDirect. Animal Behaviour 81, 361–365
[9] Chamberlain, D.E. et al. (2009) Avian productivity in urban landscapes: a review and meta-analysis. Ibis 151, 1–18
[10 ]Plummer, K.E. et al. (2015) Is supplementary feeding in gardens a driver of evolutionary change in a migratory bird species? Global Change Biology 21, 4353–4363
[11] Peach, W.J. et al. (2014) Supplementary feeding of mealworms enhances reproductive success in garden nesting House Sparrows Passer domesticus. Bird Study 61